Une victime sauvée de justesse. ( Pv Drago <3]

Drago n’avait pas vu passer cette semaine. Sa confrontation avec Granger l’avait perturbé bien plus qu’il n’osait l’avouer. Ses amis ne comprenaient pas son comportement actuel, et Drago se sentait plus isolé que jamais. Même insulter des Gryffondors avait perdu de son attrait à ses yeux. La seule chose qui parvenait à le faire sortir de sa léthargie était le quidditch. Au fond de lui, il s’avait bien qu’il n’arriverait plus à l’insulter comme avant. La miss je sais tout avait fait voler en éclat le miroir de ses certitudes. Drago se haïssait de ne plus pouvoir la détester comme avant. Alors, il l’évitait. Chaque confrontation était sciemment désamorcée. Et c’est Pansy qui attaquait la miss je sais tout alors qu’il restait dans l’ombre. Oh par contre, il ne s’était jamais autant acharné sur les deux autres imbéciles du trio. Au fond de lui, le blond leur en voulait de ne pas avoir remarqué l’état de la Gryffondor. Parce que s’ils avaient perçu un changement, Drago ne se serait jamais retrouvé dans cette situation inconfortable. Il avait fait le serment de n’en parler à personne. Bien sur, il aurait très bien pu rompre sa promesse mais sa conscience lui soufflait qu’elle devait prendre la décision de parler de son propre chef. Comme il pouvait avoir envie de blesser ces deux crétins. Ils étaient tellement obsédés par leur propre petite personne, non pas que ça l’étonnait venant de Potter, qu’ils l’avaient rien remarqué. Et Drago prenait pleinement conscience qu’Hermione semblait beaucoup plus servir d’encyclopédie ambulante toujours prête à aider qu’être une vraie amie à leurs yeux. Ou était passé le fier et arrogant héritier des Malefoy ? Drago lui-même ne le savait pas. La situation de son père le tourmentait aussi. Il savait bien que Lucius risquait sa vie pour accomplir l’ordre de Voldemort et il en était effrayé. Drago admirait énormément son père et finalement, cette mission les avait éloigné, laissant l’élève livré à lui-même. Nul doute qu’il n’aurait jamais laissé la situation s’installer si Lucius avait continué de lui écrire comme il le faisait pour lui donner ses conseils journaliers.

Bien sur, Blaise avait mis ceci sur le compte du futur bal. Bal auquel le blond, préfet des Serpentards n’avait pas la moindre envie d’aller. Le fait que la plupart des filles lui courre après l’énervait plus qu’il n’en était flatté. Il savait qu’il était beau mais aller au bal avec des greluches sans cervelles ne l’intéressait pas. Non, en fait, la seule personne avec qui il aurait pu envisager d’y aller, Pansy était déjà invitée par Blaise. Drago sentait qu’il pourrait se passer quelque chose entre ces deux là. Mais en attendant, lui-même se retrouvait sans cavalière. Sa conscience lui avait soufflé depuis longtemps un nom, mais il ne pouvait pas s’y résoudre. Sauf si c’était un bal masqué bien sur. Secouant la tête, le 5ème année décida se de consacrer pleinement à sa séance de quidditch. Le travail d’un attrapeur était fort heureusement solitaire, ce qui lui permettait de se perdre dans ses pensées autant qu’il le voulait. Hermione Granger… Peut être était-il enfin puni pour toutes ses erreurs passées ? Elle ne cessait de le hanter. Chaque soir, le blond ne parvenait plus à trouver le sommeil. Quelque instants après leur ronde, il était retourné se coucher mais n’avait pas cessé de penser à leur interlude. Ça ne l’avait pas dérangé outre mesure, parce que Drago était vraiment intrigué par l’histoire de ce garçon inconnu. Sauf que depuis, chaque nuit était hantée par des rêves plus ou moins similaires à leur altercation. Résultat, Drago ne prenait même plus la peine d’aller au lit et se plongeait dans des livres de magie noire pendant que ses camarades dormaient paisiblement. Personne ne semblait avoir remarqué son manège, ou du moins, s’ils l’avaient remarqué, aucun n’avait eu le manque de tact de lui faire remarquer. C’était la marque de fabrique des serpentards, laisser la liberté aux gens de cacher leurs problèmes et de rester solitaire. Après tout, chacun avait ses propres états d’âme.

Pourtant, même si le serpentard prenait grand soin de l’éviter en public, il passait beaucoup de temps à l’observer en cachette. Granger ne s’en était pas du tout aperçu, mais quand il passait près de la bibliothèque, il jetait toujours un œil sur sa plus fervente occupante. Même si il ne le reconnaitrait pas, Drago devait avouer qu’il n’aimait pas qu’on s’attaque physiquement aux filles, sang de bourbe ou pas. lui-même n’hésitait pas un instant à les insulter mais jamais il ne lèverait le petit doigt sur l’une d’entre elles. Même sur cette insupportable Weasley dernière du nom, c’était dire. Il y avait des limites à ne pas dépasser et en tant que sang pur, Drago avait été élevé dans le respect des femmes. De toute façon, Narcissa n’aurait jamais toléré qu’il s’en prenne physiquement à quelqu’un. Elle le couvait beaucoup trop pour cela. Un observateur à terre aurait pu voir un nimbus 2001 dériver au gré du vent bien au dessus du reste de son équipe, mais Malefoy ne s’en rendait pas compte. De toute façon, leur prochain match se jouait contre Poufsouffle et il ne faisait aucun doute que Serpentard allait les écraser. Un souffle glacial s’échappa d’entre ses lèvres pâles et il prit enfin conscience de l’extérieur. Soupirant d’énervement face à son laisser aller, Drago entreprit une descente en piquée, histoire de ne pas geler ni son balai, ni son propre corps. C’est avec soulagement que la fin de séance fut déclarée. Personne n’osa trop lui faire de reproche sur son air perdu, après tout, il tenait bien serré dans sa main la petite balle dorée et c’était l’essentiel. Il n’avait pas encore terminé tous ses devoirs et devait encore passer chercher un livre de potions avancées à la bibliothèque avant de rentrer à la salle commune. Une fois à terre, le blond se dirigea immédiatement dans les vestiaires des vert & argent. Une douche chaude le réchaufferait un peu. L’hiver n’avait pas encore débuté mais l’air n’était pas chaud pour autant. Malefoy laissa couler l’eau sur son corps glacé et ferma les yeux.

Une demi heure plus tard, c’est un Drago transformé qui sortit du terrain de quidditch. Il avait fini par retrouver toute sa superbe, bien décidé à ne montrer à personne ses faiblesses. Depuis tout petit, on lui avait enseigné à cacher ses émotions et il avait enfin réalisé à quoi cela pouvait bien servir. Vêtu d’un long manteau noir, une écharpe aux couleurs de sa maison autour du cou, le blond gominé s’avança d’un pas conquérant vers le château. En passant devant un groupe de greluches, il entendit même des soupirs extasiés. Oui, il devrait penser à remercier son père pour ses leçons. Cachant un sourire hautain, il avança d’un pas vif jusqu’à la bibliothèque. En chemin, il insulta même quelques élèves triés sur le volet. Drago se sentait beaucoup mieux. La douche lui avait clairement éclairci les idées et il avait fini par relativiser sur sa situation. Granger lui était sortie de la tête et il s’en félicitait. Après tout, il avait bien assez de problèmes personnels pour ne pas rajouter ceux d’une sang de bourbe. Ses pas le menèrent néanmoins inconsciemment jusqu’au dortoir abritant Potter et ses amis. Il se plaqua contre le mur de pierre quand il fit l’objet de ses pensées apparaitre à travers le portrait de la grosse dame. Elle sortait et comme souvent, ce devait être à la bibliothèque. Légèrement énervé par cette constatation, Drago décida de lui laisser de l’avance, n’ayant pas la moindre envie de la croiser. Il pouvait bien attendre un peu pour aller chercher son livre.

Lorsqu’il franchit la porte de la bibliothèque à son tour, jetant à peine un regard au rapace nommé Mme Pince, assise à son bureau, le blond eut la satisfaction de constater qu’il n’apercevait aucune connaissance dans la bibliothèque. Son cerveau voulu lui crier le nom de la miss je sais tout, mais il le fit immédiatement taire. Elle ne semblait plus être là. Pas question de se laisser retomber dans les questionnements sans fin. Sans croiser un seul regard, Drago se dirigea vers le rayon des potions. Il était toujours curieux de constater que c’était la rangée la plus déserte de toute la bibliothèque. Juste derrière se trouvait la réserve, lieu hautement interdit puisqu’il contenait une magnifique collection de magie noire. Plongé dans ses recherches, le serpentard passait son doigt sur la tranche des livres jusqu’à tomber sur le bon. C’est lorsqu’il tint enfin le livre sur les potions de révélation que la blond réalisa qu’il n’était pas seul. Tournant la tête, il constata que la porte de la réserve était entrouverte et que des voix provenaient du lieu normalement interdit. Fronçant les sourcils, Drago haussa les épaules et tourna les talons. Après tout, ça ne le concernait pas. Le dragon avait du autoriser à ce que quelqu’un pénètre cet antre. Sans doute était ce un enseignant. Pourtant, une phrase le figea sur place.

H. G. - Lâche moi espèce d'idiot tu me fais mal...et jamais je n'irai avec toi au bal, je préfère autant rester seule dans la salle commune que de devoir m'y rendre avec un macho comme toi.

Le sang de Draco ne fit qu’un tour. Il avait immédiatement reconnu la voix de l’énervante miss je sais tout. Et la voix menaçante lui rappelait étrangement le garçon du souvenir. N’écoutant que son courage, s’il en avait, Drago se dirigea d’un pas silencieux jusqu’à la porte. L’ouverture ne montrait personne de visible alors Drago décida de se faufiler tout aussi discrètement par l’ouverture. Cette fois, il voulait en avoir le cœur net. Il avait besoin de savoir qui ennuyait Granger. Elle semblait avoir besoin d’aide et puisque ses amis ne faisaient rien pour l’aider, alors il s’en chargerait finalement. Avançant avec précaution, le blond n’entendit plus le moindre bruit et craint un instant qu’il s’en soit pris physiquement à la Gryffondor.

Unkown. - C'est qu'elle est têtue en plus la miss. Tu ne penses tout de même pas passer une nuit aussi spéciale enfermée là haut...tu vas y aller avec moi sans faire de caprices et dire à tes amis que tu as accepté et que tu es prise.

Une phrase lui revint alors en mémoire. C’était une citation tirée d’une pièce moldue que Drago avait lue un jour en étudiant ses cours. « Je ne sais de tout temps quelle injuste puissance laisse le crime en paix et poursuit l'innocence. » Rien n’avait jamais été plus vrai. Même si son père mourrait de savoir qu’il lisait parfois des livres écrits par des sang de bourbe, Drago ne trouvait pas ça si choquant. Il aimait apprendre et parfois, les sorciers n’abordaient pas les questions qu’il se posait. Ce n’est que lorsque que le fils Malefoy remarqua que le grand blond avait plaqué les bras de la miss je sais tout contre le montant de la bibliothèque qu’il se décida à réagir. Tenant toujours son livre à la main, Drago le referma bruyamment et s’avança vers le duo en haussant un sourcil dédaigneux. Le mieux pour elle était que tout le monde ignore leur petite rencontre nocturne de la dernière fois. Il décida donc de jouer son ancien rôle et de la railler. Comme ça, il pourrait faire fuir le petit imbécile. Le regard glacial qu’il posa sur le blond se réchauffa légèrement quand il croisa les yeux effrayés de la Gryffondor.

D. M. - Et bien, Granger, maintenant tu allumes les garçons dans les coins sombres ? Et moi, qui pensais le rat de bibliothèque coincé… Je suis presque déçu. Et toi, comment peux-tu toucher cette sang de bourbe ? Dégage d’ici. Comment peux-tu toucher ça ? Je ne pensais pas qu’un Gryffondor pouvait tomber aussi bas pour un bal. Je t’interdis de l’inviter. Je veux qu’elle soit sans cavalier. Après tout, une sang de bourbe ne mérite pas mieux qu’une humiliation supplémentaire. Si Krum a eu la stupidité de l’inviter, cette fois ci, elle restera toute seule sur le carreau. De toute manière, personne n’irait avec elle, même si on le payait, déclara-t-il méchamment en plantant ses yeux gris dans ceux de son adversaire rouge et or.

Son regard croisa brièvement celui de la jeune fille qui venait de retrouver la mobilité de ses poignets. Le regard qu’il lui jetait n’était pas méchant et il espérait qu’elle comprendrait qu’il se comportait de cette façon pour la sauver. Personne n’aurait compris que Drago Malefoy défende une sang de bourbe et elle s’attirerait certainement l’antipathie de ses camarades si c‘était le cas. Ils devaient faire semblants d’être ennemis devant les autres. Personne n’avait besoin de savoir tous les secrets qu’ils partageaient. De toute façon, il ne cherchait qu’à faire fuir le garçon. La situation était certainement temporaire mais c’était mieux que rien. Il allait lui passer l’envie de chercher à l’attaquer de nouveau. Il ne le faisait pas pour elle, non, il le faisait pour lui. Peut être que si il aidait la miss je sais tout, il pourrait enfin retrouver le sommeil. Il en avait marre de s’inquiéter pour elle. Et comme les deux imbéciles semblaient aveugles, il allait régler le problème lui-même. Ensuite, Granger lui serait redevable à vie et il aurait au moins la satisfaction qu’elle ait une dette envers lui, son pire ennemi. Ce serait sa seule et unique bonne action pour toutes les horreurs qu’il avait commises. Décidemment, malgré ça, il se sentait toujours dans la peau d’un étranger. D’habitude, il attaquait les gens, il ne les défendait pas. C’était étrangement nouveau et bizarre pour le sang pur. Donc, ses vieux instincts ressortaient forcément.

Unknown. - La ferme Malefoy. On ne t’a pas sonné. Je fais ce que je veux. Tu ne peux pas contrôler ses fréquentations selon ton bon vouloir. Si je veux l’inviter au bal, j’en ai parfaitement le droit. Je ne pense pas que quelqu’un t’ait invité ici. Tu n’es pas le bienvenue alors dégage toi-même !

D. M. -Déjà, tu ne me donnes pas d’ordre, sale petit sang mêlé ! Et si tu me cherches, tu vas me trouver ! J’ai une envie folle de me battre. Fous lui la paix ! Elle ne semblait pas vraiment heureuse de ta proposition. Je crois que dans le langage commun, cela veut dire non. Et si tu as à contraindre la vermine pour avoir une cavalière, alors tu ne mérites que ça ! Je te préviens, j’ai horreur qu’on s’attaque à mes proies. Et celle-ci est à moi ! Je suis l’ennemi numéro un du trio donc éloigne toi de la sang de bourbe. Si je te vois l’ennuyer, je te le ferais payer cher. Alors, si tu souhaites rester en vie, mieux vaut pour toi que tu partes. Je suis sur qu’Ombrage serait ravie de découvrir que des vermines de ton espèce entrent aussi facilement dans la réserve. Ou peut être devrais-je appeler madame Pince ? Et toi, Granger, tu as vraiment besoin que tes ennemies interviennent pour te sauver ? C‘est pitoyable !

La bibliothécaire ne manquerait pas de dépecer le blond qui avait maltraité ses précieux ouvrages. Comme parvenant également à cette pensée, le Gryffondor tourna la tête une dernière fois la tête vers la miss je sais tout avant de tourner les talons. Il était incroyablement courageux. Attaquer quelqu’un dans un lieu désert et fuir devant la moindre menace, et après on disait les serpentards lâches ? Voilà, ça c’était réglé. *Au suivant*, pensa Drago en se tournant vers la jeune fille.

Drago se sentait aussi perdu que la Gryffondor en face de lui. Il sentait bien qu’elle ne comprenait pas tout ce qui venait d’arriver. D’un côté, il ne fallait pas trop en demander au blond. Après tout, il ne pouvait pas changer du jour au lendemain. Ce n’était pas dans son caractère d’être un Poufsouffle mielleux et dégoulinant de bons sentiments. Oh non, il était loin d’être comme ça. En plus, il n’allait pas se montrer faible devant un adversaire. Les rouge & or, il les haïssait, méprisait et insultait. Pour lui, ils faisaient parti de la vermine. Il était d’ailleurs étrange que Pettigrew ait appartenu à cette maison même si au fond, Drago savait qu’il ne valait rien. Enfin, il faisait un esclave parfait pour le lord noir. Parfois, les plus démonstratifs comme ce blond musclé n’étaient pas les plus dangereux. Souvent, les plus effacés devenaient le contraire de ce qu’on attendait d’eux. C’est pour cette raison que Drago avait toujours un œil sur les autres Serpentards. Il ne faisait pas confiance. Seuls Crabbe, Goyle, Pansy et Blaise se ventaient d’être réellement ses amis. Les autres étaient tous des adversaires en puissance.

Le bal… Drago savait qu’il était l’un des plus beaux garçons de l’école et le fait qu’il soit un Malefoy ne décourageait pas vraiment ses pseudos adversaires de l’inviter. Franchement, il en riait souvent dans sa salle commune avec ses amis pendant des heures. Parfois, les filles étaient vraiment folles. Contrairement à ce qu’elles pouvaient toutes penser, Drago n’aimait pas les filles faciles. Elles ne représentaient pas plus qu’une nuit pour lui. Le challenge était beaucoup plus intéressant si la fille ne s’intéressait pas à lui. Il avait au moins la fierté de se dire qu’il l’avait conquis. Ce n’était pas vraiment gagné pour trouver quelqu’un comme ça digne de son rang. Restait toujours les Gryffondors mais pour appartenir à cette maison, il fallait clairement avoir un grain. Granger… Le nom s’était presque imposé tout seul au final. Il aurait pu l’inviter. Il y avait pensé une fois avant de se traiter de fou. Elle n’accepterait jamais. Leurs réputations seraient finies. Deux ennemis, préfets bien sur mais ennemis avant tout. Peut être que si le bal était masqué il le ferait. Pansy était prise et aucune autre fille n’était digne de ses intentions. Drago se rappelait encore la tête de la belette quand la miss je sais tout était apparue au bal de l’année dernière avec Krum. Un sourire vengeur se dessina brièvement sur ses lèvres lorsqu’il s’imagine un instant entrer avec Granger à son bras. La balafré et son chien seraient furieux. Il pouvait presque parié qu’ils penseraient qu’il avait envouté Granger avant de tenter de lui casser la figure. Est-ce que le jeu en valait la chandelle ? C’était à réfléchir pour plus tard. Pour le moment, il devait déjà voir comment la frisée allait réagir à sa tentative de sauvetage assez particulière.

Ses remarques n’avaient eu d’autre but que d’éloigner l’imbécile de Granger. La meilleure défense était l’attaque. Il avait eu le dessus dès le début de l’échange et c’était sans doute pour cela qu’il avait réussi plutôt facilement à le faire déguerpir. Ça et le fait qu’il utilisait les mots aussi dangereusement que des impardonnables. Ce crétin savait-il qu’il avait le grand Drago Malefoy en face de lui ? Visiblement pas. Maintenant que le blond connaissait la physionomie de l’agresseur de la miss je sais tout, il ne se gênerait pas pour lui en faire baver dans les couloirs. De toute façon, c’était un Gryffondor alors il n’allait certainement pas avoir pitié. Au fond, il se demanda si il aurait réagi de la même façon un an plus tôt. Parce qu’il était évident à cette époque qu’ils ne pouvaient pas se supporter. Sans doute aurait-il fait comme si rien n’avait eu lieu. Peut être même aurait-il fait courir des rumeurs d’une Granger dévergondée et séductrice qui cachait bien son jeu. Oh, il s’en serait donné à cœur joie. La plupart ne l’aurait pas cru, mais l’idée aurait fait son petit bonhomme de chemin dans la tête de tous les habitants du château. Il savait qu’elle était loin d’être une fille facile. Certainement pas comme la plupart des autres filles de seize ans en tout cas. Mais ça ne l’aurait pas dérangé. Une petite voix lui soufflait qu’elle avait encore tendance à croire au prince charmant. Dans tous les cas, elle ne changeait pas de petit ami toutes les semaines et c’était tout à son honneur.

Ses paroles l’avaient blessé, il le sentait. Elle était bouche bée devant sa méchanceté. Un sourire satisfait s’inscrivit sur ses lèvres bien que ses yeux continuaient de lancer des éclairs. La voir dans cette situation l’avait énervé et en même temps, une part de lui en était satisfait. Avait-il eu envie de jouer le prince charmant ? Ou bien avait-il eu envie inconsciemment de la punir pour le rendre aussi distrait ? La réponse était certainement une savant mélange entre ces deux suppositions. Il ne pouvait pas se mettre à l’apprécier aussi facilement après une discussion. Il y avait eu trop de non dits, d’insultes entre eux. La plupart étaient sa faute et il l’acceptait volontiers mais elle-même n’avait pas hésité à se défendre, le blessant parfois dans son orgueil. C’était agréable de pouvoir se venger à sa façon. Tout ce qu’il avait fit n’était pas faux. Il aurait pu prononcer ces paroles en d’autres circonstances. Du moins, avant leur petite confrontation. Il aurait pu vouloir l’enfoncer plus bas que terre, la regarder ramper comme la sang de bourbe qu’elle était le méritait. Il n’avait pas voulu ça. Drago était peut être orgueilleux, méchant et sarcastique mais il n’aimait pas enfoncer les gens qui avaient déjà des problèmes. Ce n’était pas amusant. Au départ, il avait simplement voulu qu’elle règle ses problèmes et il aurait recommencé à l’insulter comme avant, comme si rien ne s’était jamais passé. Sauf qu’entre temps, il s’était surpris à la surveiller discrètement et ça, ce n’était définitivement pas le comportement que deux ennemis adoptaient l’un envers l’autre.

Elle avait eu mal. Il se réjouit d’être arrivé à temps. Bon sang, il aurait du rentrer en même temps qu’elle à la bibliothèque. Tout ça ne serait jamais arrivé s’il n’avait pas décidé d’attendre qu’elle parte. Maintenant, il se sentait coupable. Alors qu’il venait de la sauver ? C’était un truc de fou. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Peut être avait-il bien été ensorcelé finalement ? Un Serpentard ennemi lui aurait lancé un sort ou fait boire à son insu une potion d’attachement. Ca ne l’étonnerait qu’à moitié finalement. Il savait bien qu’il était surveillé en tant que futur mangemort. Il n’avait pas intérêt à faire le moindre faux pas. Secouant la tête, il préféra ne pas penser à son futur déjà tracé. Sa tante Bellatrix ne le trouvait pas assez fort. Il était trop lâche, il n’aimait pas vraiment la magie noire. Il suivait juste les traces de sa famille. Au fond, il n’avait pas le choix. Granger non plus. Elle était une sang de bourbe, sa vie était condamnée, elle ne pouvait que tenter de se battre. Oui, ils appartenaient à des camps opposés. Mais au final, était ce important ? Peut être qu’ils pourraient faire la paix pendant les brefs instants ou ils se côtoyaient. Ne jamais aborder la future guerre à venir, de toute façon, il ne le ferait pas puisqu’officiellement Voldemort n’était jamais revenu.

Jusqu’ou ce Gryffondor serait-il allé si il n’était pas apparu ? L’aurait-il violé, frappé alors qu’à côté se trouvaient une adulte et plusieurs élèves ? Drago savait que dans ce genre d’affaires, les gens pouvaient être très lâches. Combien faisaient semblant de ne rien voir quand lui-même s’attaquait à quelqu’un ? Il était aussi ignoble que l’autre. Sauf qu’il ne s’en prenait jamais aux filles. Du moins sauf si elles étaient consentantes. Parfois, certaines pouvaient aller très loin pour lui plaire. C’était effrayant. Non, ce n’était pas la même chose. Il possédait un pouvoir indéniable sur les autres vert & argent. Un peu comme Potter avant qu’on le prenne pour un dingue. Cette rumeur continuait de le faire rire en cachette et il la soutenait allègrement. Parfois, il était impossible d’oublier le passé. Il lui avait tendu la main, il l’avait refusé. Le balafré n’avait que ce qu’il méritait.

H. G. - Merci.

Elle avait compris. Ou pas d’ailleurs. Mais il méritait bien ce petit mot. C’était bizarre parce qu’on lui avait rarement dit merci. En tant que sang pur, chaque personne qu’il fréquentait pensait que tout lui était du, exactement son propre comportement en somme, et il entendait rarement des remerciements. Et que cela vienne d’une personne qui n’était pas proche de lui, lui semblait étrange. Il en était content. Le blond n’avait pas eu envie d’écouter ses sempiternelles questions. On ne l’appelait pas miss je sais tout pour rien après tout. Elle avait toujours réponse à tout, mais elle passait aussi son temps à poser des questions. Il se sentit soulagé. Drago n’avait pas la force de s’expliquer, de se justifier. Et de toute façon, il n’aurait même pas réussi à s’expliquer. Il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il aurait pu dire. Parce qu’il avait agi par impulsion finalement. D’ailleurs, il n’avait pas à le faire. Il était très tenté de tourner les talons. Éviter de lui parler plus ne pourrait que l’empêcher de devenir fou. Parce que fou ou ensorcelé finalement, c’était un peu la même chose. Ses certitudes étaient remises en question à chaque fois que les deux se retrouvaient en tête à tête. Il ne savait pas comment réagir face à elle. Les sarcasmes étaient la réponse la plus simple au final.

D. M. - Tu vas bien ?

A la place, il préféra savoir si elle allait mieux. Il n’était pas encore en mesure de prononcer d’autres mots. Il avait besoin de se remettre les idées en place. Ses mains semblaient assez douloureuses, et il se demanda un instant si l’emmener à l’infirmerie ne serait pas une bonne idée. Non, définitivement pas. Pomfresh poserait des questions et les marques qu’elle arborait était significatives. Peut être devrait-elle prendre une potion pour effacer ça parce que tout le monde allait le remarquer. Les poignets étaient une zone sensible et elle ne tarderait pas à avoir de jolies marques bleues tout autour. Drago n’osa pas s’approcher trop près d’elle. Elle n’avait peut être pas envie de se retrouver avec un garçon proche alors qu’elle venait d’être agressée. Dormait-elle correctement alors qu’elle avait le risque de se faire coincer dans un couloir n’importe quand ? Lui-même avait toujours eu des nuits assez mouvementées mais il n’imaginait même pas comment il réagirait si la même chose lui arrivait. Pour le moment, Drago n’avait jamais trouvé quelqu’un plus fort que lui et il en était très heureux. Bien sur, ça viendrait mais il avait le temps. Sans compter que se dévoiler comme ça à un ennemi, alors qu’on ne l’appréciait pas était assez ennuyeux en soi. Il avait promis de se taire, il le ferait. Mais en échange, il voulait qu’elle continue de l’insulter comme avant. D’ailleurs, il devrait faire pareil. Son comportement commençait de donner des soupçons à ses plus proches amis. Il devrait continuer à la critiquer comme avant. Et si Granger avait également arrêté, elle devrait vite se comporter comme avant. Silence contre silence en fait. Faire comme si rien ne s’était passé, oublier. Peu importait s’ils se voyaient sans hostilités en cachette. Le monde était fait de faux semblants. Devant tout le monde, ils allaient devoir jouer le jeu. Parce que si son rôle venait à être découvert, son père et sa mère seraient en grave danger, il ne s’en remettrait pas.

Draco ne savait toujours pas pourquoi il était intervenu. Il avait envoyé valser tous ses principes et n’était pas sur d’aimer cette nouvelle facette de sa personnalité. Il avait bien assez de problèmes comme ça. Que diraient ses camarades ? Ses parents ? Non, ce n’était pas la question. Un Malefoy avait une réputation à tenir. Il devait penser à une cause supérieure à la sienne. Son bonheur n’importait pas tant finalement que les apparences. Les apparences, toujours et encore. Ils étaient condamnés à se faire juger par elles. Hermione Granger aussi d’ailleurs. Ils étaient dans le même cas finalement. Sauf qu’ils appartenaient à deux mondes totalement opposés. Il n’aurait jamais pensé se dévoiler de cette manière. Depuis leur confrontation, ses certitudes avaient été totalement bouleversées. Il n’arrivait plus à se contenter des apparences. Du moins plus avec elle. Draco se moquait bien que Weasley ou Potter ne soient en fait pas si crétins qu’ils en avaient l’air. Il n’avait pas été dans leurs têtes, n’avait pas vu leurs pires souvenirs, n’avait pas découvert leur pire secret. Oui, tout avait changé et dans un sens, Draco ne regrettait rien.

Au fond, Draco ne voulait pas devenir mangemort. Il allait devoir porter la marque parce qu’au fond, ce n’était pas son propre choix. Il n’était qu’une arme destinée à servir une cause supérieure. Il devait aussi sauver sa famille. Son père n’avait pas droit à l’erreur non plus. Mais la différence majeure, c’est que lui avait décidé de porter la marque de son propre chef. Il avait choisi de suivre le seigneur des ténèbres. Lui n’avait même pas cette possibilité. Et sa mère, sa pauvre mère… Finalement, la vie de Granger n’était pas si difficile au fond. Sans le même genre de personnes que lui, elle serait même totalement épanouie. Mais il n’avait plus le même point de vue. C’était récent, mais ça n’avait pas changé. Mais personne ne devait le savoir. De toute façon, il avait toujours été une personne secrète. Mais maintenant encore plus qu’avant. Parce que le seigneur des ténèbres était de retour. Et ça, ça changeait toute la donne. Draco n’avait pas pensé à l’échéance à la fin de sa scolarité. Avant le mois de juin, il ne pensait d’ailleurs pas qu’il deviendrait un jour le serviteur de quelqu’un. Il n’était pas fait pour ça. Son égo était connu de tous et devoir se prosterner aux pieds d’un homme aussi brillant soit-il l’ennuyait fortement.

Que resterait-il de lui une fois mort ? Rien qu’un nom inscrit sur les annales généalogiques des familles de sang pur. Quand mourrait-il ? S’il devenait mangemort, il risquerait sa vie. Lui qui avait toujours voulu une existence tranquille, rangée, une existence dorée et prévisible. Il en serait loin. En fait, il n’arrivait même pas à se projeter dans le futur. Son échéance arrivait à la fin de sa septième année tout simplement. Il n’avait même pas à envisager un métier, un sang pur n’en avait pas. Un sang pur paradait, donnait des conseils aux gens influents. Dès tout petit, on l’avait initié à ce monde. Mais jusqu’à présent, il n’avait jamais réalisé ses limites. Hermione Granger les lui avait montrées. Elle s’était imposée doucement dans sa vie et maintenant, il n’arrivait même plus à envisager un retour à la normale. D’ailleurs qu’était ce que la normalité ?

Voilà qu’il se sentait d’humeur mélancolique. Au final, il ne pouvait pas lui en vouloir d’être soupçonneuse. Qui aurait pensé que le grand et égoïste Draco Malefoy, fils héritier d’une prestigieuse famille de sang pur se montre courtois avec une sang de bourbe ? Oh, quiconque aurait entendu cela aurait rit. Parce que Draco n’était pas comme ça. Au final, qui était-il vraiment ? Une copie conforme de son père. Il en était fier. Mais peut être n’avait-il simplement pas cherché les bonnes solutions. Il n’avait pas voulu penser par lui-même, mais c’était l’heure des choix. Et si il allait clairement se ranger du côté d’Ombrage, personne n’avait besoin de savoir qu’il ne détestait plus autant Hermione Granger. Personne et comme il n’arrivait plus à retrouver son comportement de crétin égocentrique, alors il continuerait de la voir en cachette. De toute façon, ils ne faisaient rien de mal. Pour une petite fois, il avait l’occasion de parler avec quelqu’un qui avait eu une vie différente. Il allait pouvoir s’enrichir avec d’autres points de vue, expériences. Vie qu’il avait autrefois tant dénigrée. Mais il voulait savoir maintenant. Parce que sa curiosité avait été piquée au vif.

Draco n’avait jusqu’alors jamais imaginé qu’elle avait du abandonner une vie déjà construire en allant au château. Il n’avait pas pensé qu’elle devait mentir à ses anciens amis, s’éloigner de sa famille. Pour lui, c’était un immense privilège pour une sang de bourbe. Mais au final, c’était beaucoup plus compliqué. Il en avait marre de voir sa mère lui envoyer des friandises presque tous les jours. Mais en fait, il était chanceux. Parce des moldus ne pouvaient pas communiquer avec le château. Et Hermione Granger avait perdu une partie de sa vie. Et finalement, peu de gens pouvaient se permettre de la comprendre. Et surtout pas lui. Mais il saurait bientôt ce qu’elle avait ressenti.

H. G. - P...plus ou moins bien...j'ai l'impression d'avoir encore quelqu'un qui me tiens les poignets.

Draco connaissait ce genre de sensations. Il savait très bien ce qu’on pouvait ressentir. On ne l’avait jamais maltraité au propre du terme mais son éducation n’avait pas été rose. Il admirait son père mais il avait été très dur durant sa jeunesse. Et avoir vu la famille aimante d’Hermione, heureuse alors que lui devait toujours se montrer horriblement froid même enfant, l’avait chamboulé. Il attrapa sa baguette et lui lança un sortilège mainte fois entendue depuis cet été pour estomper la douleur. Le dark lord n’était pas clément avec ses mangemorts. Après tout, tous l’avaient abandonné à sa chute. Et pour ça, Draco allait payer. A cause de son père. Il était à l’épreuve et Draco servirait de monnaie d’échange pour obtenir le pardon tant attendu.

Et puis l’espoir vint se substituer à l’abattement. Il était un sang pur. Il n’appartenait à personne ! Et d’ailleurs, son avenir tout autant que ses gens ne concernaient que lui. Une étincelle de rébellion dans les yeux, le blond fixa attentivement Hermione Granger. Il n’avait jamais pris le temps de l’observer vraiment. Abstraction faite de la haine qu’il avait éprouvé envers elle, il la trouvait objectivement plutôt jolie. Elle s’était considérablement arrangée depuis sa première année. De ça au moins, il en était sur. Ses cheveux n’étaient plus aussi touffus, ses dents autrefois semblables à celle d’un lapin, avaient été raccourcies quand il lui avait lancé un dentesaugmento. Bref, elle était beaucoup mieux. Elle était même mignonne lui souffla sa conscience. Elle irait bien à son bras. Il aimait quand elle lissait ses cheveux.

D. M. - Dis, Granger…

Non, il n’allait quand même pas l’appeler Granger en de telles circonstances. Ce qu’il s’apprêtait à lui proposer lui demandait un grand effort de volonté. Parce qu’il était habitué à se faire proposer et non l’inverse. C’était la première fois qu’il allait demander quelque chose à quelqu’un. Il n’aimait pas tellement cette sensation d’insécurité. Et si elle lui disait non ? C’était une proposition tellement absurde au fond. Mais il voulait lui changer un peu les idées. Et puis, lui aussi avait envie de faire ses propres choix. Alors, il se lança. C’était la première fois qu’il osait enfin surmonter son égo. Mais imaginer la tête qu’auraient certaines personnes si ils les voyaient ensemble valait suffisamment de gallions pour qu’il se laisse tenter. Non, en même temps, il n’avait pas le droit de risquer la vie de sa famille… Si il l’invitait, il faudrait qu’ils trouvent un moyen de se cacher. Parce qu’il fallait sauvegarder les apparences. Personne ne devait savoir qu’ils se fréquentaient. Granger perdrait ses amis et même si il s’en foutait, il n’avait pas envie qu’elle ait de la peine. Et puis, lui-même passerait de prince à paria de sa propre maison. Ça ne devait pas arriver. Peut être pourrait-il se déguiser, ou utiliser du polynectar. Ce serait la parfaite solution. Oui, il n’aurait qu’à prendre l’apparence de quelqu’un d’autre. Et le tour serait joué.

D. M. - Hermione… Tu… Tu viendrais au bal avec moi ? Attention, c’est un honneur que je te fais, rajouta t-il mi plaisantant, mi sérieux.

Voilà, il l’avait dit. Cette pensée qui le hantait depuis quelques temps déjà avait enfin été exprimée à voix haute. Et maintenant, la décision ne dépendait plus que d’elle. Draco sentait son cœur battre la chamade. Il n’avait jamais ressenti une telle incertitude. Il se sentait mal. Pour la première fois, il baissa les yeux face à quelqu’un. La réaction la plus rationnelle restait encore de lui rire au nez, après tout…

H. G. - Oui,Malfoy ?

Boum, boum, boum. Pour un peu, son cerveau n’aurait été rempli que d’onomatopées. Le tic tac de la pendule manquait pourtant. Et Draco Malefoy se trouvait dans cette réserve poussiéreuse, face à cette Gryffondor troublante. Et son cœur était presque sur le point d’éclater. Le silence était pesant. Il regardait avidement la moindre réaction venant de la Gryffondor. Elle semblait figée. Cela le renforça dans son impression d’avoir été complètement stupide. Mais que lui avait-il pris ? Il aurait du partir en même temps que l’autre imbécile. sur le moment, il ne pensait même pas à ce qu’allaient dire les autres. Draco était focalisé sur ses propres émotions, sur ces sentiments étrangers qui prenaient place dans son cœur ? Depuis quand avait-il réalisé qu’il en avait un ? Il avait toujours fait ce qu’on attendait de lui. On attendait de lui qu’il soit le parfait petit Serpentard. Il avait obéit. Une seule chose lui avait résisté, Potter. Il avait promis de faire semblant de bien s’entendre avec le pseudo sauveur du monde sorcier mais la mascarade avait été de trop pour lui. Et puis, il y avait Granger. Elle contredisait tous les standards de son éducation. Elle était la personne type qu’il était supposé détester. Mais ce n’était plus le cas ? Non, elle l’avait exaspéré parce qu’elle était meilleure que lui mais il ne l’avait jamais vraiment détestée. Du moins pas autant que ses deux compères. Mais ça n’était pas vraiment le problème pour le moment. Non, le problème en question était qu’il venait de lui proposer de venir au bal avec lui ? Lui, avec elle alors qu’il pouvait avoir toutes les filles qu’il voulait. Pitoyable…

Mais il ne pouvait parler de ce sentiment à personne. Ses amis ne comprendraient pas. Et lui non plus n’aurait pas compris avant. En tombant sur les souvenirs de Granger, il aurait rit, se serait moqué. Comment les choses avaient-elles pu changer à ce point là ? D’un point de vue extérieur, il n’arrivait pas à comprendre son revirement de pensée. Il ne pensait à rien d’autre qu’au présent. Le temps était le pire ennemi à combattre. Le temps permettait de réaliser certaines choses. Mais il n’arrivait pas à se projeter dans le futur. Que ferait-il au-delà de son avenir tout tracé de mangemort ? Est-ce que ses choix actuels influenceraient son futur ? Bien sur, sauf si il était assez doué pour garder tout cela secret. Sauf qu’il vivait en compagnie d’autres élèves et ce serait très compliqué avec des fouineurs à chaque détour de couloir.

Draco avait refusé au moins une trentaine d’invitations de filles diverses et il ne comptait pas les gloussements stupides sur son passage. Mais aucune fille ne l’avait vraiment intéressée. Elles étaient toutes insipides au possible. L’année dernière, s’afficher au bras d’une fille écervelée ne l’aurait pas gêné mais en ces temps troubles, il n’avait pas la tête à tant de légèreté. Aucune fille ne semblait assez bien pour lui. Du moins, une seule à l’époque aurait fait l’affaire mais Pansy avait accepté d’y aller avec Blaise. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, elle avait également attendu longtemps qu’il l’invite mais il n’en avait rien fait. Et une fille de son rang ne pouvait pas rester seule pendant un événement, de même que lui. En tant que Malfoy, il ne pouvait pas ne pas aller au bal et encore moins y aller seul. Il serait mort de honte. Mais finalement, la honte n’était-elle pas pire si il y allait accompagné par Hermione Granger, sang de bourbe, partisante notoire de Dumbledore et meilleure amie du balafré ? Le choix était difficile entre ces deux propositions pour le moins pas vraiment réjouissantes. Mais lui proposer ce qu’il avait envisagé avait une autre saveur que de l’imaginer en pensée. Et son silence, sa surprise venait d’achever de le convaincre qu’il n’aurait jamais du dire ça.

Draco avait pensé lui lancer un oubliette. Ce silence était insoutenable pour lui. Pour la première fois de sa vie, il était sur la brèche. Il venait de lâcher prise. Et il détestait cette sensation. Le sentiment qu’elle allait lui rire au nez, se faisait de plus en plus présent dans son esprit. Il avait toujours pensé que Granger était une fille censée. Et une fille censée, intelligente ne pouvait pas lui dire oui. Au mieux, elle ferait comme si elle n’avait pas entendu et partirait. Au pire, elle irait raconter aux Gryffondors leur petite conversation. Mais non, elle ne pouvait pas faire ça. Lui aussi connaissait l’un de ses pires secrets. Autrement dit, ça ne pouvait pas être le pire des scénarios. Mais il y avait tellement d’autres possibilités… Elle pouvait le détruire. Il lui avait donné volontairement une arme à utiliser contre lui.Mais pourquoi diable avait-il dit ça ? Il s’en voulait terriblement. Peut être était-il encore temps de tourner les talons…

De toute façon, les Serpentards n’étaient-ils pas connus pour leur lâcheté ? Il ne faisait pas exception au principe. Mais il pouvait réagir autrement. Donnant pour donnant. De toute façon, il pouvait toujours l’obliger à accepter. Si il menaçait de raconter son secret à tout le monde, nul doute qu’elle serait bien obligée de l’accompagner. Mais il n’en avait pas envie. Il voulait qu’elle fasse un choix volontaire. Il voulait qu’elle ait envie de passer du temps avec lui. Non, il ne pouvait pas vouloir ça. C’était trop irrationnel. Quelqu’un avait du verser une potion de confusion dans son verre durant le repas. C’était la seule explication valable. Sinon comment expliquer cette évolution totalement illogique et contradictoire de ses sentiments ?

Il était complètement perdu. Il voulait que Granger aille au bal avec lui. Il voulait qu’elle l’accompagne alors que personne ne l’obligeait. Était-il devenu fou ? Oui, ce devait être ça. Cette fois ci, il était fou. Personne ne comprendrait. Ni ses amis à elle et encore moins ses amis à lui. Tous deux avaient un trop lourd passif en commun. Cette incartade était vouée à l’échec avant même d’avoir commencé. Il aurait pu s’épargner un peu de salive au moins. Non, si l’oubliette aurait du mal à passer, restait encore d’éclater de rire et de faire semblant de l’avoir fait marcher. Ou alors, peut être devrait-il utiliser le sarcasme ? Après tout, n’était-il pas connu par cela avant tout ? Le serpent avec une langue acérée. Mais avant même qu’il ait eu le temps d’ouvrir la bouche pour réfuter ses précédents propos, Hermione l’interrompit.

H. G. - J...Je...j'accepte ton invitation Drago. Mais Crabbe,Goyle,Pansy ou encore Harry et Ron on en fait quoi. Ils vont nous rire au nez ou nous prendre pour des fous...si ce n'est pas ce que l'on est. En ...tout...cas je tiens compte de cette honneur.

Le sourire sur ses lèvres le laissa surpris. C’était la première fois qu’il faisait sourire quelqu’un autre qu’un de ses camarades vert & argent. Cette fois ci, il en était certain. Son cœur venait de rater un battement. Il reprit rapidement une bouffée d’air et se demanda s’il avait bien entendu. Draco contrôla parfaitement l’ébahissement qui aurait envahi n’importe lequel de ses autres camarades de classe. Pourtant, au fond de lui, il avait la même tête qu’Hermione lorsqu’il lui avait fait la proposition. Bizarrement, loin du soulagement initial, il eut envie d’éclater de rire. Maintenant, il était dans de beaux draps. Ce qu’il aurait du faire dès le début, c’était lui lancer un oubliette. Oui, bien sur, il aurait eu des problèmes mais il ne doutait pas qu’Ombrage l’aurait couvert en cas de besoins. Cette affaire était allée si loin, beaucoup trop loin. Ou alors, peut être pouvait-il utiliser un retourneur de temps ? Tout plutôt que ça. Comme il pouvait s’en vouloir. Qu’allait-il se passer ensuite ? Était-il censée lui adresser la parole dès qu’il la croiserait ? Comment allaient réagir les autres ? Il s’en voudrait toute sa vie si sa famille payait le prix de sa traitrise. Le mieux était de cacher cette amélioration de relation. Le jour du bal, il pourrait peut être se déguiser, ou alors… peut être pourrait-il se procurer du poly nectar. De toute façon, si il avait une chance de s’en sortir sans trop de dommages, il la saisirait sans hésitations. Parce que sa famille était ce qu’il avait de plus important dans la vie.

D. M. - Bien. Je suppose que nous trouverons un moyen de ne pas nous faire remarquer… Après tout, nous sommes de brillants sorciers. Si quelqu’un peut réussir à nous faire passer pour quelqu’un d’autre, je suppose que c’est nous… Et si on ne trouve rien, alors un oubliette collectif ne sera pas de trop… rajouta-t-il avec humour.

Parce que c’était sur, il avait définitivement perdu l’esprit. Et parce qu’il commençait de prendre gout aux perspectives qui s’ouvraient à lui…

Draco savait que cette décision allait en surprendre plus d’un. Après tout qui ne le serait pas ? Il aurait exactement la même réaction si on lui annonçait que Pansy et Potter allaient au bal ensemble. Certaines choses n’étaient tout simplement pas admissibles. Mais pourtant, c’était la vérité. Il avait choisi Hermione Granger pour l’accompagner. Pourquoi choisir une fille pâle et insignifiante à ses yeux alors qu’il pouvait avoir quelqu’un qui lui tiendrait tête ? Même si le sang pur ne l’avouerait pas, il aimait bien leurs prises de tête. Et au fond, si elles devaient cesser, cela lui manquerait cruellement. Depuis toutes ces années, il s’était défini à partir de ses disputes incessantes avec Potter, Weasley et Granger. Il les haïssait bien sur, mais d’un autre côté, sans eux, le blond s’ennuierait beaucoup. Son existence ne serait pas la même si personne n’osait s’opposer à lui. Et c’était exactement la même chose pour le bal. Il pouvait avoir toutes les cavalières qu’il voulait, les plus jolies, superficielles mais surtout fades. Il était lasse des filles sans cervelles qui gravitaient autour de lui dans l’espoir d’un regard. Il savait très bien qu’au fond, son argent et son statut de sang pur les attiraient toutes beaucoup plus que tout le reste réuni. Elles auraient accepté les pires humiliations dans l’espoir de pouvoir épouser l’héritier Malefoy. Mais aujourd’hui, Draco était épuisé de choisir toujours la facilité. Il avait toujours cherché à correspondre à l’idéal de son père. Mais sa quête d’acceptation prenait des tournants effrayants. Il y avait des sacrifices qu’il ne se sentait pas réellement prêt à faire.

Il était enfermé dans une magnifique cage dorée. Ses parents l’avaient bâtie autour de lui et il ne pouvait plus en sortir. Des souvenirs de son enfance envahissaient sa tête. Il avait aimé cette cage doré. Mais il était alors naïf, plein d’idéaux. Dès tout petit, il avait découvert l’existence fascinante de la magie noire. Tout changeait avec le retour du seigneur des ténèbres. Un soupir franchit ses lèvres. Maintenant, plus rien ne serait jamais pareil. Il venait de franchir la ligne. La ligne qui séparait les faibles des forts, la ligne qui lui assurerait à coup sur un avenir sombre. Quant à son père, le prince des verts préférait ne pas y penser. Mais ce qui était certain, c’est que si l’un de ses camarades vantait son exploit aux mangemorts, il risquait de violemment le payer. Voir la déception dans les yeux glacials de son père, son modèle, lui ferait bien plus de mal qu’il ne l’avouerait jamais.

Était-il réellement en train, et ce pour la seconde fois depuis le début de cette année, d’avoir une conversation civilisée avec celle qu’il se plaisait à appeler méchamment sang de bourbe ? C’était presque comme un rêve, enfin un cauchemar plutôt. Parce qu’il n’était pas censé apprécier parler avec une ennemie. Les choses changeaient en réalité à une vitesse effrayante pour le pauvre Serpentard. Son corps était crispé. Sa conscience menait inlassablement la même lutte. C’était difficile pour lui de piétiner toutes ses certitudes. Il ne pouvait s’empêcher de penser que l’année dernière, si quelqu’un lui avait annoncé qu’il aurait une conversation polie voire amicale avec la Gryffondor, il l’aurait immédiatement tué. Un an et tant de changements…

H. G. - Oui...j'espère que mon surnom de Miss je sais tout qu'on m'attribue pourra me servir pour une fois...et toi qui échafaude des plans tu devrais t'en sortir aussi facilement bien que l'oubliette collectif soit une excellente idée je ne pense pas qu'il soit autorisé mais c'est à mettre en cas de gros problème.

Oui, ils allaient devoir faire quelque chose pour ça. Draco n’était pas sur du tout que leurs amis respectifs verraient d’un bon œil leur petite trêve. Potter chercherait certainement à l’attaquer, sur et certain que le blond avait ensorcelé son amie avec un imperium. Quant à ses amis, ses plus proches amis du moins, ils chercheraient immédiatement l’intérêt qu’il pouvait avoir à la fréquenter alors que les autres seraient déçus de leur modèle et lui tourneraient le dos. Non pas qu’il y voit fondamentalement un problème mais il aimait beaucoup le pouvoir qu’il possédait sur les autres. Et puis, le regard des autres était très important pour lui. Il n’était pas prêt à recevoir le traitement qu’il réservait à ses victimes.

Un bal ne l’engageait à rien du tout. C’était une proposition sans vraie signification pour lui. Elle n’avait pas de cavalier et en lui proposant, il venait de la débarrasser du collant Gryffondor. Alors quoi finalement ? Il n’avait fait ça que par altruisme. Le blond fit la moue. Il n’était pas aussi noble que cela. Non, peut être appréciait-il réellement la présence de la miss je sais tout au final. Il avait encore du mal à réaliser qu’il ne la détestait plus autant qu’avant alors de la à l’apprécier… C’était un pas qu’il n’était pas encore réellement prêt à franchir. Peut être que ce ne serait que provisoire. Il l’avait aidée et elle cesserait de le hanter constamment. Il fallait absolument que cela se passe comme ça. Sinon, il n’était pas sur de vouloir savoir ce que ses sentiments signifieraient.

Il réfléchit rapidement. Son petit débat intérieur ne réglait pas leur principal problème. Comment donc allaient-ils pouvoir aller au bal ? Garder leur véritable apparence était risqué. Les maisons ennemies n’avaient pas pour habitude de faire de trêves même pour les fêtes. Si seulement le polynectar n’était pas si long à préparer… Quoique, peut être y avait-il une maigre possibilité pour que Rogue en ait d’avance. Mais cela signifierait lui dire la vérité. Draco n’était pas sur de la réaction de l’un des plus fidèles mangemorts du seigneur des ténèbres. Il fallait trouver un autre moyen. Peut être que des sorts de métamorphose permettaient de modifier l’apparence de quelqu’un ? Ils étaient tous les deux de très bons élèves et maitriser ce genre de sorts ne devrait en toute logique pas leur poser de très gros problèmes. Après tout, si un sorcier pouvait se transformer en animal, changer son apparence ne devrait pas être si difficile. Il suffisait de modifier les caractères les plus flagrants de leurs physiques respectifs et le tour serait joué. Ensuite, il n’y aurait plus qu’à donner une excuse pour ne pas se rendre au bal. Draco avait eu cette idée en réalisant brutalement ou tous deux se trouvaient. La bibliothèque n’était-elle pas le lieu rêvé pour avoir la réponse à sa question ?

D. M. - De toute façon, je suppose qu’on pensera que Dumbledore y est pour quelque chose. Nous nous détestons, n'est ce pas ? Après tout, ce serait bien dans le genre de ce vieux fou de coller deux ennemis ensemble pour la pseudo amitié inter maison. Mais, il doit sans doute y avoir des sortilèges de métamorphose qui pourraient arranger notre petit problème. Mieux vaut être prudent après tout.